Jeudi 22 octobre –19h
Poï 15 / Flynn Maria Bergmann / Lecture à bout de souffle
« Ma mère disait souvent « dans la vie, il faut attaquer ». Les dernières années elle ne pouvait plus. Couchée sur le grand canapé bleu, la seule chose que je voyais c’était son interminable fil d’oxygène qui formait des vagues sur le tapis. On aurait dit un petit kamikaze de l’amour, une pomme frippée, qui faisait face courageusement à ce que nul ne peut nommer : la terreur de crever. Cinq mois après sa disparition, je suis allé me baigner nu dans le lac et j’en ai fait un film.
Ma mère disait souvent « je ne peux plus respirer, j’ai l’impression de me noyer ». Ce n’est pas l’eau qui l’a tuée mais le feu. Alors je suis reparti chasser les dragons, sa respiration sous la cendre des souvenirs, ce qu’elle n’avait pas pu ou pas voulu me dire. Pendant un mois, j’ai gravé ce texte avec un stylo qui brûle. Aussi lentement que possible. Lettre après lettre, sans aucun brouillon mais avec des cloques aux doigts et de la fumée dans la gueule.
Ces jours, je suis en train de lire Oblomov de Ivan Gontcharov. Ça fait chier que tu sois plus là. Tu m’en parlais souvent. On aurait pu en discuter. Enfin. «
Ma mère disait souvent « je ne peux plus respirer, j’ai l’impression de me noyer ». Ce n’est pas l’eau qui l’a tuée mais le feu. Alors je suis reparti chasser les dragons, sa respiration sous la cendre des souvenirs, ce qu’elle n’avait pas pu ou pas voulu me dire. Pendant un mois, j’ai gravé ce texte avec un stylo qui brûle. Aussi lentement que possible. Lettre après lettre, sans aucun brouillon mais avec des cloques aux doigts et de la fumée dans la gueule.
Ces jours, je suis en train de lire Oblomov de Ivan Gontcharov. Ça fait chier que tu sois plus là. Tu m’en parlais souvent. On aurait pu en discuter. Enfin. «
Flynn Maria Bergmann, né en 1969, vit et travaille à Lausanne. Comme un cow-boy de roman, il semble sculpté au cran d’arrêt. Cette lame avec laquelle on passe et repasse encore pour être bien sûr que ce qu’il reste de chair épouse l’os. Un antihéros, de ceux qu’on campe dans nos rêves ordinaires, une fois le bouquin dévoré dans la sueur. Of course, on soupçonne qu’il en a bavé. Un peu. Mais on l’envie, parfois. On envie cette soif d’absolu, cette poitrine pleine de vide et cette sensibilité à fleur d’encre. Flynn Maria Bergmann est l’auteur chez art&fiction de Fiasco FM (2013), du Flynnzin #1 (2018), du Flynnzine #2 (2020) et d’Amor Fati (2019). (Bio écrite par Fred Valet)
Événement organisé par l’association Poï
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